Aller au contenu

5 raisons qui menacent la fin du thermique en 2035

Fin du bonus écologique, retard dans l’électrification, offensive des constructeurs chinois… On vous explique pourquoi la fin du thermique en 2035 est menacée.

Pourquoi la fin du thermique en 2035 est menacée

Fin du bonus écologique, retard dans l’électrification, offensive des constructeurs chinois… On vous explique pourquoi la fin du thermique en 2035 est menacée.

1/ La fin du bonus écologique, coup dur pour les entreprises

Les entreprises, qui avaient accès à un bonus de 3000 euros pour l’achat d’une voiture électrique de moins de 47 000 euros, devront désormais faire sans : l’État a préféré concentrer le budget sur le leasing social alloué aux ménages les plus modestes, au détriment du bonus écologique. Pourtant, la Loi d’Orientation des Mobilités contraint les entreprises à verdir leur flotte. 

Alors que 45 % des véhicules sont achetés par celles-ci, Mobilians regrette «la suppression totale du bonus aux entreprises».

Au-delà de la fin du bonus écologique, les entreprises du CAC 40 peinent à tenir les quotas imposés par la loi. Carrefour, SNCF ou Air Liquide comptent, début 2024, 1% de voitures électriques (hybrides rechargeables et électriques) contre les 20% réglementaires (en 2030, ce sera 70%). 

Quelques chiffres pour illustrer le retard de la France en matière d’électrification des flottes automobiles : avec 15,9% de voitures électriques, elle arrive loin derrière la Norvège et ses 83,4%. L’Islande (42,1%) et la Suède (38,7%) complètent le trio de tête. Même L’Allemagne, réputée très attachée aux moteurs thermiques, est devant la France avec 18,4%. 

2/ Les constructeurs automobiles, inquiets, veulent un report de la mesure

« Nous ne serons pas capables de la faire sans endommager toute l’industrie et toute la chaîne de valeur de l’automobile européenne », alerte Luca de Meo, CEO du groupe Renault et président de l’association des constructeurs automobiles européens (ACEA). Le dirigeant espère un report de la date de la fin du thermique, le temps que l’UE mette en place « les conditions nécessaires à l’émergence d’un véritable écosystème de la mobilité décarbonée. » En somme, moins de normes et plus de concertation, allant dans le sens d’une vraie stratégie industrielle européenne. 

Même son de cloche du côté de Stellantis. Carlos Tavares, directeur général du groupe, dénonçait fin 2023 une transformation « très rapide, voire très violente ». 

Sans oublier la concurrence des voitures électriques chinoises.

3/ La guerre des prix met le secteur sous pression

Les voitures chinoises coûtent « 6 à 7 000 euros de moins qu’un modèle européen équivalent », constate De Meo dans les colonnes d’Auto-journal.

En 2023, les constructeurs automobiles chinois ont atteint pour la première fois 2,75% de parts de marché en Europe. Cette percée historique met encore un peu plus à mal l’industrie automobile, frappée de plein fouet par une guerre des prix. 

L’industrie invite les instances européennes à « mettre en place un mécanisme de défense ».

4/ Les Français, pas pressés de passer à l’électrique

D’après une étude de 2024 du cabinet Deloitte, moins d’un Français sur dix envisage un véhicule électrique pour son prochain achat. Les aides de l’État allouées aux particuliers ne suffisent pas à enclencher la transition au rythme espéré, et le thermique domine encore l’électrique.

Si les ventes de voitures neuves ont enregistré une augmentation de 10,1% début 2024, la part de véhicules électriques demeure à seulement 12%. 

5/ Le défi de l’approvisionnement au lithium

L’électrification du parc automobile mondial pose la question des ressources, et notamment du lithium. Aujourd’hui, 60 % du lithium extrait dans le monde est destiné aux voitures électriques. Les réserves mondiales ne permettent pas, à ce jour, de coller aux objectifs fixés. On estime qu’en 2040, la consommation annuelle de lithium pour les seuls véhicules électriques représentera 8 fois la production minière actuelle mondiale. 

Pour son approvisionnement, l’Europe dépend aujourd’hui de l’Australie, la Chine et le triangle ABC – Argentine, Chili, Bolivie – où se trouvent une grande partie des réserves mondiales. Cette ruée vers l’or blanc, vouée à s’intensifier dans les prochaines années, n’est pas sans conséquence pour l’environnement. L’extraction de ce métal implique un pollution de l’eau, de l’air, et un écosystème menacé. En Argentine par exemple, où les multinationales du monde entier s’alimentent, on s’attend à un désastre écologique lié à l’eau. Et c’est les aborigènes de la région qui en sont les premières victimes. L’impact social et environnemental associés à l’extraction de ce métal représentent un enjeu de taille à l’heure du tout électrique.