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Les poids lourds rétrofités, la solution la plus rapide pour décarboner le monde du transport

Les transports représentent aujourd’hui la première source d’émissions de gaz à effet de serre en France, et les poids lourds en sont en partie responsables. La conversion du parc existant (rétrofit) est alors une piste indispensable. On vous explique pourquoi.

Les transports représentent aujourd’hui la première source d’émissions de gaz à effet de serre en France, et les poids lourds en sont en partie responsables. Ils représentent en effet un quart du total des émissions – 23% précisément – qu’il s’agisse de camions, bus et cars. Le passage progressif à des véhicules propres est déjà lancé, mais l’offre reste pour le moment confidentielle. Alors, la conversion du parc existant (le rétrofit) apparaît comme une piste indispensable à suivre afin d’atteindre l’objectif fixé de neutralité carbone à l’horizon 2050.

Le rétrofit, indispensable pour accélérer la transition vers un parc plus propre

L’Agence de la transition écologique (Ademe) a comparé trois scénarios à propos des véhicules lourds, qui permettent aux propriétaires de ces engins diesel de comprendre quelle voie privilégier aujourd’hui. 

Pour les gestionnaires d’une flotte comme les détenteurs d’un véhicule ou d’une petite poignée de camions/bus/cars, que faire ?

  • Continuer à utiliser son véhicule ;
  • Le revendre et acheter un véhicule électrique neuf ;
  • Choisir le rétrofit.

La conclusion est sans appel : « L’étude démontre que le rétrofit électrique est une solution pertinente pour répondre aux enjeux de qualité de l’air et climatique en limitant les émissions de gaz à effet de serre ou de polluants et en réduisant automatiquement l’usage des matières premières ». Logique car le rétrofit, c’est un peu l’alliance de ce qui se fait de mieux : on conserve le véhicule déjà produit en le rendant plus propre grâce à un nouvel ensemble moteur. Surtout lorsque, dans le cas des poids lourds, il est possible de réaliser un rétrofit avec pile à combustible. 

Car le rétrofit consiste à déposer certains éléments mécaniques d’un véhicule (moteur, transmission, etc.) pour les remplacer par une chaine de traction/propulsion électrique additionnée dans certains cas d’un prolongateur d’autonomie à hydrogène (réservoirs H2). Le camion ne fonctionne plus au diesel mais bien à l’électrique et à l’hydrogène. 

Pour un camion de 16 à 19 tonnes, le rétrofit permet de réduire les émissions de CO2 de 87 % par rapport à un véhicule diesel et de 37 % par rapport à un camion électrique neuf.

« Avec le rétrofit, on peut prolonger la durée de vie d’un véhicule en ayant tout de suite le bénéfice d’une motorisation plus propre. Il s’agit d’une solution viable à la fois sur le plan environnemental et économique, en optimisant le cycle de vie complet des véhicules lourds explique Vincent Lallemand, Directeur général délégué chez GCK Mobility, spécialiste du rétrofit de tous types de véhicules, dont les véhicules lourds. La technologie est aujourd’hui mature et nous développons par exemple des solutions qui conservent de nombreux éléments mécaniques et aboutissent à une calibration du nouveau moteur qui ne change pas le comportement pour le conducteur, ni les capacités du véhicule en termes d’autonomie, de vitesse ou de charge utile ». En clair, on continue de profiter du même niveau de performance et du même agrément ! 

Le rétrofit pour poids lourds désormais accompagné financièrement

Si le rétrofit est pertinent, encore faut-il qu’il soit attractif sur le plan financier. Car même si l’opération est rentable dans la durée (en économisant sur les frais de carburant et en prolongeant la durée de vie du véhicule concerné), le rétrofit reste un investissement important. De l’ordre de 300 000 € pour un autocar ou un poids lourd, avec une grille tarifaire selon le volume, et si le modèle concerné a déjà fait l’objet d’une homologation. 

Une aide financière est désormais distribuée. Le décret n°2022-669 du 26 avril 2022 a rendu éligible à la prime au rétrofit électrique la transformation d’un véhicule lourd à motorisation thermique en véhicule lourd à motorisation électrique. 

Le montant de cette prime peut représenter 40% du coût de la transformation du véhicule dans la limite de 50 000 € pour un poids lourd de catégorie N2 (3,5 t à 12 t) ou N3 (12 t et plus) et 30 000 € pour un autobus ou un autocar.

Cette aide au rétrofit n’était jusqu’alors proposé uniquement pour un rétrofit de véhicules légers (particulier ou utilitaire), ou encore pour les projets concernant les deux-roues, trois roues et quadricycles à moteur. Preuve que la prise de conscience des pouvoirs publics est bien là, et peut initier un changement fort. 

Pour rappel, au 1er janvier 2021, le parc automobile français était constitué d’environ 600 000 poids lourds et 94 000 autobus et autocars en circulation. La Commission européenne vise à mettre en circulation 60 000 camions à hydrogène sur les routes d’ici à 2030, de nombreux constructeurs de véhicules industriels travaillant actuellement à la mise au point de prototypes dont la commercialisation interviendra entre 2025 et 2027. Si proche, et pourtant si loin. En attendant, et afin d’accélérer la transition énergétique du secteur, le rétrofit apparaît comme salvateur. Une réponse immédiate, dont certains des acteurs clés sont en France !