Le secteur du transport, et particulièrement celui du transport routier, est amené à changer ses habitudes. Dans son rapport intitulé « Poids lourds à zéro émission, calendrier et opportunités d’une transition mondiale rapide1 », le Zero Emission Vehicles Transition Council (qui regroupe des ministres de nombreux pays pour développer une politique en coopération sur la question) nous donne les clés pour comprendre. Comprendre notamment la part des camions, bus et autres engins « propres » qu’il faut aujourd’hui déployer afin d’atteindre les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre fixés par l’Accord de Paris. Aujourd’hui, les poids lourds deviennent un réel problème pour la pollution. Voici les chiffres clés à connaître.
Le passage à un transport routier « zéro émission » et l’Accord de Paris
Plusieurs projections ont été réalisées par le Zero Emission Vehicles Transition Council (ZEVTC).
- Si le secteur du transport routier veut contribuer à « contenir » l’augmentation de la température à 2 °C, les émissions doivent se stabiliser d’ici 2030, diminuer de 29 % d’ici 2040, et diminuer encore de 60 % d’ici à 2050.
- Pour parvenir à une trajectoire compatible avec une augmentation de la température de 1,5 °C seulement, les émissions doivent diminuer de 40 à 60 % d’ici à 2030 et de 80 à 90 % d’ici à 2040, pour être proches de zéro en 2050.
Dans moins de 30 ans, l’intégralité du secteur du transport routier ne devra plus émettre le moindre gramme de CO2. Utopique ? Pas totalement si le déploiement s’effectue de manière progressive, par sous-catégorie au sein du transport.
Le transport urbain comme pionnier de la transition
Un certain nombre de véhicules de transport sont déjà concernés par l’approche bas carbone et doivent servir de pionniers. C’est le cas par exemple des bus ou des véhicules de livraison en milieu urbain. Grâce à une autonomie suffisante pour une utilisation quotidienne et une planification de la recharge possible, des voyages aller-retour et un stationnement « réservé », ils seront les premiers à basculer au zéro émission. Le mouvement est d’ailleurs déjà lancé en France avec la création des zones à faibles émissions (ZFE) dans lesquelles seuls les véhicules qui n’émettent pas de CO2 seront à terme autorisés.
La transition accélérée du transport urbain et du transport de personnes est pleinement justifiée. Le ZEVTC explique qu’il est possible d’atteindre 100 % de véhicules à zéro émission vendus pour le segment des autobus urbains d’ici 2030. Ce chiffre pour les segments des véhicules de livraison urbains et des semi-remorques peut être atteint en 2035.
Demain ! Les plus gros camions (dont le tonnage dépasse 16 tonnes) sont amenés à réaliser une transition plus progressive. Avec des charges utiles plus élevées, de longues distances et de courtes périodes de pause, l’hydrogène apparaît comme une alternative à l’électrique.
Les routes électriques (ERS) semblent pertinentes. Il s’agit de routes qui permettent aux véhicules de se recharger en mouvement. Deux technologies qui ne bénéficient pas encore du même développement que l’électrique. D’où un déploiement légèrement décalé.
Vers une interdiction des ventes de camions à moteur thermique ?
Au début du mois de juin 2022, l’Union Européenne a adopté un texte visant l’interdiction de la vente de véhicules thermiques (essence, diesel et hybride) en 2035. Mais le Parlement européen prévoit cette interdiction pour un nombre restreint de véhicules, plus précisément les voitures et les camionnettes.
Qu’en est-il des poids-lourds ? Il n’existe à ce jour pas de texte contraignant.
Pourtant, il apparaît évident qu’une date limite de commercialisation serait un signe fort permettant d’accélérer la transition énergétique des poids lourds. Car, toujours en reprenant les projections réalisées par le ZEVTC, la part des véhicules à zéro émission dans les ventes mondiales de poids-lourds doit atteindre 45 % d’ici 2030, et près de 100 % en 2040 (pour respecter les conditions de l’Accord de Paris).
Surtout, en plus de cet effort sur les ventes de nouveaux poids-lourds, ce sont aussi les véhicules déjà en circulation qui vont devoir évoluer. Comment ? En améliorant leur efficacité énergétique grâce, par exemple, à l’utilisation de carburants plus propres. En incitant aussi avec des aides financières au renouvellement du parc.