Pour accompagner l’essor des ventes de voitures électriques, la densité du réseau des bornes de recharge est un élément critique. Problème, les points de recharge accessibles au public en France sont en moyenne plus rares que dans la majorité des pays européens. Sauf si la grande distribution joue son rôle
La France compte 50 000 bornes de recharges de voitures électriques. Mais on compte par exemple près de 50 points de recharge tous les 100 kilomètres aux Pays-Bas, dix fois plus qu’en France. La situation devrait s’améliorer grâce aux efforts déployés par l’Etat… et la grande distribution !
La grande distribution vole au secours du réseau de bornes électriques
Les immatriculations de voitures électriques et les infrastructures suivent des trajectoires différentes. Lorsqu’apparaissaient les premières bornes, l’offre de véhicules électriques était balbutiante. Aujourd’hui, les chiffres de vente de voitures électriques augmentent fortement. Les ventes de voitures électrifiées (hybrides et électriques) sont même en passe de dépasser en nombre de ventes les véhicules diesel. Mais le réseau semble stagner.
La grande distribution l’a bien compris. En effet, le secteur du retail a tout intérêt à accompagner le maillage du réseau et à proposer sur ses espaces des bornes de recharge à ses clients.
- Avoir des bornes sur les parkings d’une grande surface permet d’attirer davantage de clients qui verront là une aubaine pour ne pas recharger à domicile. Pour certains, il peut s’agir de la seule solution s’ils n’ont pas de point de charge personnel ou simple d’accès ;
- Déployer des bornes de recharge, c’est aussi une façon de s’assurer la présence d’une clientèle plus captive, avec un temps de présence en magasin plus long ;
- Enfin, puisque le réseau est encore en développement, installer un ou plusieurs points de recharge de VE montre que l’enseigne est en avance sur les questions de mobilité. Une action qui bénéficie à l’image, si chère pour les distributeurs.
Par engagement, par nécessité de soigner la notoriété mais aussi pour développer le chiffre d’affaires, les enseignes de la grande distribution ont tout intérêt à embrasser la révolution du véhicule électrique. D’ailleurs, l’espace foncier dont elles disposent – notamment sur les grands complexes en périphérie des villes – se prête parfaitement à l’installation de bornes de recharge.
Les enseignes qui se lancent dans l’électrique
Ikea, Leclerc, Lidl, Système U ou encore Carrefour et Intermarché installent des bornes de recharge sur leurs parkings. Entre un objectif de service – et celui d’attirer de nouveaux clients – ces marques multiplient les annonces.
En ce début d’année 2022, Leclerc est l’acteur le plus actif. La marque, déjà forte de 800 points de recharge en vise 5000 supplémentaires d’ici 12 mois. Carrefour veut équiper tous ses supermarchés en bornes de recharge, avec un objectif chiffré de 2000 bornes d’ici à 2023. Un essor fort est donc attendu, l’enseigne proposant aujourd’hui moins de 100 prises. Intermarché est plus timide, avec un objectif de 300 bornes de recharge de voitures électriques.
Dans cette course à l’électromobilité à laquelle prennent part les distributeurs, il va être intéressant de voir les modèles adoptés. Il existe déjà plusieurs grandes différences. Certains distributeurs font le choix de ne proposer que des bornes à rechargement long tandis que d’autres mettent l’accent sur la recharge rapide. Carrefour veut par exemple mailler son réseau avec une majorité de bornes de 50 à 350 kW.
Quelle proposition sera la plus cohérente ? Avec une durée pour faire ses courses souvent supérieure à une heure (le temps que nous y consacrons par semaine est de 2h41), il est déjà possible de récupérer une grande autonomie. Pas certain donc que la recharge rapide soit pertinente…
Outre la puissance, le coût de la recharge va permettre de différencier ces différents acteurs. Certains font le choix de la gratuité pendant la première heure, d’autres imposent un tarif à la minute dès le branchement. On peut imaginer à terme des solutions liées à la fidélité, avec par exemple le coût de la recharge déductible sous la forme de bons d’achat ou crédité sur une cagnotte.