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Accompagner la transition
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2022, bilan d’une année de chamboulements et d’annonces pour les mobilités décarbonées – Première partie

Le contexte international et les annonces politiques ont fait de 2022 une année encore plus cruciale que les précédentes pour les mobilités décarbonées. Bilan des événements qui chamboulent le secteur des transports. 

l'année 2022 du point de vue de la mobilité

L’année 2022 aura marqué une accélération de la transition vers une mobilité décarbonée à de nombreux égards. À commencer par l’année où les ventes de voitures 100% électriques ont dépassé, pour la première fois, celles des voitures diesels sur un mois en France. Ces dernières ont atteint 16% des parts de marché en septembre, contre 14,5% pour les voitures au gasoil. Plus globalement, en combinant les immatriculations électriques et hybrides, la part des véhicules rechargeables sur les 9 mois premiers mois de 2022 est en augmentation et dépasse les 20%. Un chiffre encourageant, mais toujours tracté par les voitures hybrides, qui ont représenté 28% des immatriculations entre janvier et septembre. Quatre voitures sur dix en France restent également malgré tout des essences. Si ces chiffres sont encore loin de l’objectif zéro thermiques visé pour 2035, le marché de l’électrique et de l’hybride français ne cesse de croître, bousculé en partie par les événements de 2022. On observe aussi une nette progression des électriques au fil des mois (+31% en 2022), tandis que les diesels reculent et que la hausse des ventes  hybrides est de plus en plus douce. 

Le conflit en Ukraine, à la fois accélérateur et frein pour le secteur de l’électrique  

Dès le début de l’année 2022, la guerre en Ukraine, et les perturbations qu’elle provoque depuis février sur les marchés internationaux ont renforcé l’impulsion européenne de transition vers l’abandon des carburants fossiles. Côté consommateur, la hausse spectaculaire des prix de l’essence (à l’été 2022, le litre a dépassé les 2 euros à la pompe) peut avoir poussé les Français à se tourner vers l’électrique et l’hybride.Mais l’invasion russe a aussi instauré un mauvais contexte pour le développement de la filière, et ralenti la capacité des constructeurs français à produire des véhicules électriques abordables. 

Post-covid, les constructeurs pâtissaient déjà d’une pénurie de semi-conducteurs chinois. Cette technologie indispensable à la production de véhicules électriques avait été redirigée durant la pandémie vers la demande grandissante de puces électroniques pour les équipements individuels (ordinateurs, téléphones, électroménager …). 

Aujourd’hui, de nouvelles difficultés d’approvisionnement continuent de ralentir l’industrie. L’embargo sur les produits russes force à repenser le circuit d’approvisionnement de matériaux indispensables. Cela concerne le Nickel (troisième producteur mondial) le palladium (40% de la production mondiale) et l’alumine (80% de l’allumine utilisé en France est importé de Russie) sont en tension. L’arrêt de nombreuses usines ukrainiennes leadeuses européennes dans la production de faisceaux de câblage, le “système nerveux” des voitures, achève de mettre le secteur en difficulté. 

La pénurie d’énergie, provoquée en partie par le conflit, impacte elle aussi le secteur automobile, et particulièrement la production de batteries destinées aux électriques. Selon un rapport publié en octobre par le cabinet S&P Mobility, la crise énergétique mondiale pourrait entraîner une réduction de la production automobile globale en Europe de près de 40% par trimestre, jusqu’à la fin 2023.

Objectif réduction de l’usage des thermiques : les ZFE deviennent réalité 

La fin de la voiture thermique approche pourtant à grands pas. Les Zones à Faible Émissions mobilités (ZFE-m) qui visent à exclure par étapes les thermiques les plus polluantes des centres-villes, devraient franchir un cap cette année 2023. En 2022, leurs effets sont restés à peine existants dans les 10 métropoles françaises chargées de les expérimenter. De Lyon à Paris, en passant par Grenoble ou Strasbourg, l’application des vignettes Crit’Air est demeurée très disparate (chacun choisit le périmètre qui concerne chaque vignette). 

Et surtout, non-contraignante. Seul Grenoble, dont la ZFE concerne pour l’heure uniquement les véhicules professionnels, a mis en place des contrôles réalisés par la police municipale… Ils sont demeurés « pédagogiques », c’est-à-dire non-punitifs, avec pour but de sensibiliser la population aux restrictions qui s’annoncent plus sévères à partir de 2023. La métropole de Paris ambitionne de mettre en place des “contrôles automatisés” par radar et caméras dès cette année 2023 dans sa ZFE, sans date arrêtée pour l’instant. Pour les autres, Christophe Béchu, ministre de la transition écologique, a promis “un contrôle automatisé sous forme de radars” qui serait effectif “au second semestre 2024”. 

Trente-trois agglomérations de plus de 150 000 habitants supplémentaires  auront jusqu’à 2025 pour mettre en place des ZFE, qui provoqueront l’interdiction de circuler de millions de véhicules thermiques les plus polluants. Pour accompagner les collectivités, au moins 150 millions d’euros issus du Fonds vert de la transition écologique dans les territoires seront mobilisés, pour financer les études d’analyse, mais aussi la signalisation et les radars. 

Des annonces importantes pour les mobilités douces, tractées par les JO 2024 

En parallèle de ces restrictions qui auront pour effet de réduire le nombre de voitures individuelles dans les villes, la priorité est donnée au développement des mobilités douces. À Paris, la promesse de la pérennisation progressive des 52 km de “Corona Pistes” a été tenue en 2022, avec l’attribution d’un budget de 80 millions d’euros par la ville et l’objectif affiché d’être prêt pour 2024. 

L’échéance des Jeux olympiques de Paris, voulus comme une véritable vitrine de l’innovation et de la transition écologique à la française, semble avoir accéléré les investissements dans les mobilités douces. Signe d’une volonté politique portée aussi au niveau national,un plan vélo revu à la hausse a été annoncé par le gouvernement. Il sera doté de 250 millions d’euros supplémentaires dédiés à l’année 2023 seule. Une augmentation importante, puisqu’à l’origine 500 millions devaient être répartis entre 2018 et 2025. Sur ces 250 millions, “200 millions seront dédiés aux infrastructures et 50 millions d’euros pour le stationnement”. L’ambition affichée est de faire du vélo une alternative compétitive et crédible à la voiture individuelle pour les déplacements de proximité sur tout le territoire. 

Autre affichage symbolique du verdissement des mobilités françaises : une flotte de 1400 bus “verts” électriques sera mise en service pendant l’événement, pour transporter la presse et les équipes internationales. Cette annonce ne suffit pas à  faire oublier du Grand Paris Express, qui devait être accessible au public durant l’événement sportif. La construction de cette nouvelle couronne de lignes de métros autour de la capitale prévoyait l’ouverture de plus de 200 kilomètres de nouvelles lignes, et 68 gares. Alors qu’il devait donner l’exemple d’un réseau de transports en communs forts et accessibles depuis la périphérie, le projet a déjà pris au moins deux ans de retard. La mise en service progressive des lignes est désormais prévue entre 2025 et 2030. 

Globalement, le bilan des investissements dans les mobilités douces est encourageant. Mais il est aussi très relatif comparé aux investissements annoncés concernant ce qui semble être la priorité nationale et européenne de cette année 2022 et des années à venir : pousser les Français à effectuer leur transition, de la voiture thermique à la voiture électrique.