La semaine européenne des mobilités – organisée du 16 au 22 septembre – met en avant le thème de l’intermodalité. La combinaison des mobilités apparaît comme la solution pour développer de meilleures connexions et soutenir l’avènement d’une nouvelle mobilité urbaine plus durable. Mais mixer les modes de déplacement n’est pas encore une réalité quotidienne pour de nombreux Français.
Optimiser les réseaux de transport pour une mobilité durable
L’intermodalité désigne la capacité d’un système de transport à offrir à ses usagers une utilisation successive d’au moins deux modes de déplacement, intégrés dans une « chaîne ». Il peut par exemple s’agir de combiner l’utilisation du vélo à celle d’un bus puis d’un tramway pour se rendre d’un point A à un point B.
On peut également définir l’intermodalité comme la « possibilité de passer d’un mode de transport à un autre » au cours d’un même déplacement (Margail, 1996).
Cette intermodalité demande une concertation entre les acteurs du secteur public et du secteur privé et une coordination des actions. Desserte, horaires et niveaux de service des transports en commun, continuité possible avec les modes de transport personnels (voiture, vélo, deux roues motorisés), tout doit faire l’objet d’une étude complète. Car si l’intermodalité est une force pour l’optimisation des réseaux de transport, elle est aussi une source de fragilité pour la mobilité des personnes.
En clair, la complémentarité des offres peut faciliter l’accessibilité et renforcer la pertinence du réseau, mais les problèmes de maillage et de correspondances peuvent dérouter les usagers et augmenter la pénibilité (voir les travaux de Wardman et Hine, 2000 ; Litman, 2008 ; Zhan Guo et Wilson, 2011). L’intermodalité est ainsi un sujet majeur pour changer le modèle actuel et révolutionner les usages.
Les enjeux concrets de l’intermodalité et de son déploiement
L’intermodalité se situe au cœur des défis sociaux, environnementaux, économiques ou territoriaux.
- En ce qui concerne le volet social, l’intermodalité a pour principal objectif de satisfaire le droit au transport auquel tout le monde peut prétendre (introduit dans la loi d’orientation des mobilités). L’intermodalité est un enjeu pour proposer des transports plus abordables à tous, primordial face au contexte économique actuel ;
- Pour l’environnement et sa protection, l’intermodalité permet de développer des modes de transport plus écologiques et moins émetteurs de polluants. En combinant les solutions de transport, l’objectif est de sortir du modèle du « tout voiture » encore largement prédominant ;
- Économiquement, l’intermodalité permet de développer une offre de transport cohérente et viable, en étudiant par exemple les données billettiques des réseaux. On optimise l’offre en la rationalisant et en la faisant correspondre à la demande au travers d’une prise en compte des usages et des modes de vie. Une rupture par rapport à l’approche plus technique des transports qui était la norme par le passé.
- Enfin, l’intermodalité est aussi un enjeu de territoire, pour intégrer les effets de réseau et compenser le déséquilibre naturellement créé par l’urbanisation, au détriment des zones rurales. Une politique intermodale permet de renforcer la compétitivité des territoires et l’attractivité des villes/villages, peu importe leurs tailles.
Énormément de travail reste encore à faire pour développer l’intermodalité et faire de la multiplicité des transports utilisés au quotidien une réalité.
La preuve, en 2015, 93% des Français utilisaient seulement un moyen de locomotion contre 6% prenant deux modes. Aujourd’hui, les Français combinent la marche avec un ou plusieurs autres modes de transport pour 13,0 % de leurs déplacements seulement. « Lors de ces déplacements multimodaux, la marche est combinée aux transports en commun dans 4 cas sur 10 et à la voiture dans 5 cas sur 10 ».
La volonté de revoir les modes de déplacement est pourtant bien là. Une étude menée par l’Ipsos, 39% des Français considèrent que la manière dont ils se déplacent au quotidien n’est pas bon marché. Et ils sont plus nombreux encore – 48% des sondés – à reconnaître que leur mode de déplacement quotidien n’est pas écologique. Problème, « réduire les coûts des mobilités du quotidien autant que leur impact environnemental semble un objectif plus accessible aux résidents des centres urbains que des espaces périurbains ou ruraux » décrypte l’Ipsos. D’où la nécessité de cette intermodalité plus forte, partout, pour tous.