Rouler tout seul dans sa voiture, c’est-à-dire être dans son auto en « solo », c’est pratiquer l’autosolisme. C’est votre cas ? Logique car plus de 80% des conducteurs sont seuls en voiture. Mais la révolution que nous vivons actuellement – et la transition nécessaire vers des modes de transport décarbonés – pourrait mettre fin à cette habitude. En parallèle de l’émergence de véhicules plus propres n’émettant pas de particules polluantes, la réduction du nombre de voitures en circulation est un enjeu fort pour réduire l’impact du transport.
L’autosolisme, une habitude des Français
En France, 90 % des déplacements s’effectuent par la route, et la plupart des trajets ne sont réalisés que par une seule personne. Des voitures vides (avec le conducteur au moins, on se comprend), on en croise à toute heure de la journée, mais surtout le matin. C’est notamment ce qu’a révélé Vinci Autoroutes au travers de son premier baromètre autosolisme. Le nombre d’occupants de plus de 1,5 million de véhicules, circulant aux heures de pointe dans 11 agglomérations françaises, a été analysé par un algorithme d’intelligence artificielle.
Résultat, plus de 8 conducteurs sur 10 sont seuls au volant, avec un pic moyen d’autosolisme de 89% enregistré à 8h. « Les observations montrent, en outre, que le nombre de voitures transportant plus de 2 personnes augmente au fil de la matinée alors que le trafic total baisse. Autrement dit, c’est au moment où il est le plus pénalisant, à savoir aux heures de pointe, que l’autosolisme est le plus pratiqué ! » peut-on lire dans le rapport.
IL existe donc un levier puissant pour réduire l’engorgement des villes mais aussi le niveau de pollution en incitant les automobilistes à ne plus être seuls au volant. Mais comment faire ?
Les solutions pour lutter contre l’autosolisme
Pour limiter les déplacements avec une seule personne à bord d’un véhicule, il n’existe en réalité que deux grands leviers : soit imposer des contraintes qui rendent l’usage de la voiture pour un seul usager moins intéressant, soit proposer des solutions de mobilité alternatives comme les transports en commun et les mobilités douces.
Dans le premier cas de figure (les contraintes) on peut imaginer que demain, certaines villes mettront en place des péages urbains comme cela se fait déjà à l’échelle européenne à Londres, Stockholm ou Dublin. Déjà, certaines villes – comme Lyon – rendent certaines voies accessibles uniquement aux véhicules avec plusieurs passagers à bord aux heures de pointe. Il s’agit là d’une contrainte forte. Les autosolistes doivent patienter tandis que les voitures avec plusieurs occupants bénéficient d’une voie « rapide ».
Et au chapitre des solutions ? Déployer une offre de transport propre, facile d’accès et permettant de bien mailler le territoire n’est pas toujours possible. En sortant des zones fortement densifiées, il n’est pas toujours aisé d’apporter ce service à tous les usagers. Prendre sa voiture et rouler seul, cela reste parfois inévitable… à moins de recevoir un avantage en accueillant du monde à bord.
Le covoiturage, la nouvelle norme de mobilité auto de demain ?
Le co-voiturage, déjà fortement encouragé depuis plusieurs années grâce notamment à l’émergence de plates-formes qui facilitent les réservations sur de longs trajets, pourrait aussi se développer à une échelle plus réduite. En effet, de nombreux Français ont déjà le réflexe de réserver certains trajets via des applications comme BlaBlaCar, et des solutions pour les trajets courts émergent. C’est le cas de Karos ou Klaxit. Ces services se focalisent sur les itinéraires domicile-travail avec des déplacements peu coûteux voire gratuits, réservables à la dernière minute.
Et lorsque ce ne sont pas des acteurs privés qui le font, les collectivités aussi ont un rôle à jouer pour inciter à la fin de l’autosolisme. Illustration avec le syndicat des mobilités de Touraine qui a lancé un service de covoiturage local qui rémunère les conducteurs et permet aux passagers de voyager gratuitement pour les trajets domicile-travail. A lire dans le Courrier des Maires. À Angers ou à la Rochelle aussi, les métropoles subventionnent les trajets. Les habitants peuvent y utiliser le service Klaxit gratuitement pour les passagers, et être rémunérés par trajet et par passager pour les conducteurs. En effet, la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) permet aux collectivités locales de subventionner les trajets en covoiturage au même titre que le transport public. L’objectif de cette incitation est de tripler la part du covoiturage dans les trajets quotidiens en 5 ans.