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Les voitures électriques manquent-elles de charme ?

Parmi tous les arguments utilisés contre les véhicules électriques, il est courant de les attaquer sur leur manque de charme. Mais est-ce vraiment le cas ? Rapide tentative de réponse.

Aujourd’hui c’est le salon de l’électroménager connecté à 4 roues.”, “C’est le mondial de la pile , pas de l’auto”, “Un mondial de l’ennui et de la déprime”. C’est un fait, même si les réseaux sociaux et Internet en règle générale font office de caisse de résonance, il faut bien reconnaître une chose : chez les passionnés d’automobile, le moteur thermique reste roi, et les voitures électriques n’ont pas la côte. En témoignent ces quelques exemples de commentaires dénichés sur la page Facebook du célèbre magazine télévisuel Turbo, présentant un reportage sur le Mondial de l’Auto qui se tenait à la Porte de Versailles du 18 au 23 octobre 2022. Un salon qui, cette année encore, faisait la part belle aux innovations écologiques, suivant la décision du Parlement Européen d’interdire l’immatriculation des véhicules thermiques d’ici à 2035. Il reste donc douze ans pour faire changer d’avis ces 52% de Français – selon une étude réalisée en 2022 par le cabinet Immonot sur un panel de 1302 sondés – qui “ne font pas confiance aux véhicules électriques”.

L’électrique divise

La question que l’on est en droit de se poser est simple : pourquoi ? Pourquoi les VE suscitent-ils autant de griefs, tant de la part des passionnés d’automobile que des usagers “lambdas” ? Pourquoi est-ce que chaque annonce d’un constructeur s’ancrant dans la transition écologique est accueillie avec aussi peu d’enthousiasme de la part de ses suiveurs habituels ? Les anti-électriques ne manquent pas d’arguments. Selon eux, les VE ne seraient en premier lieu qu’une fausse réponse à la crise écologique, et qu’ils ne polluent pas moins que les moteurs à combustibles fossiles. Que leur autonomie ne dépasse pas les cent kilomètres, que la recharge coûte plus cher qu’un plein, que l’offre est limitée ou qu’ils coûtent trop chers. Une rhétorique maintes et maintes fois rendue caduque par de nombreuses études, comme celle menée en 2020 par la Fédération européenne pour le transport et l’environnement.

Il en existe pourtant un qui n’est relié à aucune considération purement écologique : le véhicule électrique n’aurait pas d’âme. Souvent utilisé par ses détracteurs, notamment lorsqu’il s’agit de commenter les derniers concept-cars présents sur les stands de grands constructeurs lors des salons automobiles, il apparaît en premier lieu compréhensible. Adieu en effet les rugissements d’un moteur dévorant des litres de carburant lorsque ce dernier monte dans les tours, et les vibrations que cela engendre, aspect pourtant indissociable plaisir éprouvé lorsqu’on passe derrière le volant. Un point pris très au sérieux par les constructeurs, qui savent mieux que quiconque d’où vient l’attachement qu’on éprouve par rapport à un modèle ou à une marque. Citons Porsche, qui vient d’investir 13, 5 millions de dollars dans DSP Concepts, start-up américaine chargée de s’occuper de la signature sonore diffusée à l’intérieur de ses futures sportives zéro-émissions. Histoire de faire ronronner une batterie comme si c’était un V8 atmosphérique, et de donner un supplément de caractère à des véhicules qui ne demandent que ça.

Moins de bruit mais pas moins de charme

L’âme d’une voiture, ça n’est pas seulement du bruit. C’est aussi de l’esthétique. Le temps où l’offre de VE se limitaient à une poignée de modèles sans grand intérêt visuel est révolu. Les constructeurs n’ont pas tardé à prendre les mesures nécessaires pour se plier aux exigences du Parlement Européen – interdire l’immatriculation des véhicules thermiques d’ici 2035 -, et les gammes commencent à se diversifier. Jeep, Lotus, Tesla et Audi, pour ne citer qu’eux, ont déjà levé le voile sur des SUV et autres 4×4 – même si on est en droit de se demander quelle est la pertinence de tenter de rendre “écologiques” de tels engins… Jaguar, Porsche ou bien encore Ferrari s’apprêtent quant à eux à électrifier leurs sportives. Plus insolite encore, certains modèles cultes, comme la Renault 5, troquent eux-aussi leurs réservoirs à essence pour des batteries – et comment peut-on insinuer que la R5 Turbo Concept présentée au salon de la Porte de Versailles n’a pas d’âme…?  Des véhicules variés qui ne manquent donc pas d’un certain charme, voire d’une certaine nostalgie, et qui peuvent participer à faire apprécier l’électrique à un public plus pointilleux.

Toujours pas convaincu ? Regardons du côté des performances, avec un bolide bien de chez nous. Annoncé le 20 juillet dernier dans le cadre d’un préambule au Grand Prix de France, le prototype de l’A110 E-ternité d’Alpine se place comme un aperçu du futur du fleuron de la sportive à la française, qui souhaite passer au tout électrique à l’horizon 2025. Comparé à sa petite sœur à essence, ce coupé racé construit en partie en fibre de lin affiche 258 kilogrammes supplémentaires sur la balance. 1378 au lieu de 1120. La faute à une douzaine de batteries réparties sur le châssis. Son architecture a donc été conçue afin de proposer la conduite la plus fluide et la plus passionnante possible. Pour ce qui est des performances pures, le temps de la Jamais Contente et ses deux batteries de 50kW, première voiture à dépasser la barre fatidique des 100 kilomètres par heure, est bien loin. Là où la Tesla Roadster, connue comme la première sportive électrique de série, passait de 0 à 100 km/h en 3,9 secondes, atteignant les 201 km/h en pointe en 2008, son itération 2023 prévoit respectivement 2,1 secondes et… 400 km/h une fois lancée. De quoi satisfaire les derniers sceptiques ?