Annoncé par Elisabeth Borne, Première Ministre, le mardi 20 septembre 2022, le Plan Vélo 2022-2027 est la suite directe du Plan Vélo 2018-2021. Ce dernier fixait quatre axes de travail afin de favoriser l’usage de la bicyclette et des autres mobilités douces au sein de la transition écologique des transports : Le développement d’aménagements cyclables de qualité et plus généralement l’amélioration de la sécurité routière ; la sûreté : la lutte contre le vol de vélos ; l’incitation : la mise en place d’un cadre incitatif adapté reconnaissant pleinement le vélo comme un mode de transport pertinent et vertueux ; le développement d’une culture vélo. (source : Plan vélo et Mobilités Actives 2018).
Cette édition 2022, toujours intitulée Plan Vélo Et Mobilités Actives, se base sur quatre nouvelles mesures phares :
- Un fonds mobilités actives afin de soutenir, accélérer et amplifier la création d’axes cyclables au sein des collectivités territoriales ;
- un forfait mobilités durables offrant aux salariés la prise en charge, par leur employeur privé ou public, des frais avancés pour leurs trajets domicile-travail effectués à vélo, en covoiturage ou à l’aide d’autres services de mobilité partagée ;
- le marquage obligatoire des vélos afin de lutter contre le vol ;
- le programme “savoir rouler à vélo”, permettant aux enfants entrant au collège de bénéficier d’un apprentissage du vélo en autonomie et dans des conditions réelles de circulation.
Mais plus que de poser les jalons de l’action gouvernementale en matière de mobilité active, ce Plan pose de nombreuses questions, et notamment celle-ci : alors que, selon une étude OpinionWay publiée en janvier 2022, seulement 4% des trajets urbains se sont effectués à vélo, comment les municipalités peuvent-elles participer à augmenter ce total ?
Pour y répondre, on peut dégager plusieurs axes.
En premier lieu, il est nécessaire de se pencher sur l’épineuse question des vols de vélos. Alors que 400 000 deux-roues sont volés chaque année en France – un chiffre sans doute plus élevé, puisque 50% des victimes ne déclarent pas l’infraction au commissariat -, soit 2% du total des ventes annuelles de cycles, il serait possible pour les municipalités d’investir dans des points de stationnement davantage sécurisés.
La Mairie de Paris propose par exemple des box permettant de garer six vélos dans des cages en acier renforcés, et ce moyennant un abonnement annuel de 75€. Une pratique qui pourrait se démocratiser dans différentes municipalités.
90% des vols de vélos accrochés sur les traditionnels arceaux présents dans l’espace public étant dûs aux anti-vols, on pourrait aussi envisager des subventions permettant aux bénéficiaires de s’équiper d’antivols dont l’efficacité a été reconnue par la Fédération Française des Usagers de Bicyclette, ou FUB – notés 0, 1 ou 2 “roues”, les plus résistants coûtant aux alentours de 80€, une somme qui peut être conséquente pour les utilisateurs
Associé à une surveillance accrue de certains points noirs, par des rondes policières ou des caméras, cette mesure permettrait de réduire le risque de vol, et donc la peur de certains à investir dans un nouveau deux-roues pour se déplacer, notamment dans les agglomérations.
Deuxième piste, et non des moindres : l’aménagement de voies de circulations propres aux vélos, ou qui facilitent au moins leur traversée. Un aménagement qui doit se faire seulement après étude poussée des contraintes spatiales, du flux de cyclistes attendu, de la cohabitation avec les autres modes de transports publics et privés, de la sécurité des usagers et des moyens financiers à disposition de la municipalité à l’origine des travaux.
Une étape cruciale pour ne pas se retrouver avec des axes aussi dangereux à emprunter pour les cyclistes que le croisement Jaurès/Stalingrad, entre le IXe et le Xe arrondissement de Paris, considéré comme l’un des points les plus dangereux de la capitale pour les vélos – mais aussi les piétons.
Des différents aménagements – bande cyclable, piste cyclable à sens unique ou à double sens de circulation, couloirs mixtes bus/vélo, zones à circulation apaisée, etc -, il faudra évidemment choisir le plus adapté à la situation du lieu en question, tout en proposant un aménagement cohérent. Il est aussi intéressant de pousser à la création de voies vertes visant à permettre une circulation intercité à vélo, notamment dans les zones plus rurales.
Ces dernières manquent en effet souvent de ce genre d’aménagement, tout en représentant des défis sécuritaires pour les cyclistes. La faute à des routes généralement étroites, sinueuses et où les règles de sécurité routière ne sont pas toujours respectées.
D’autres mesures peuvent être prises en plus de celles préconisées dans le plan vélo 2022-2027.
On peut imaginer par exemple une obligation de contrôle technique visant à vérifier le bon fonctionnement des freins, de l’éclairage passif et actif ou bien encore de l’avertisseur sonore de nos bicyclettes, dans un but d’assurer là-aussi la sécurité des usagers. Sévir davantage sur les stationnements au beau milieu des bandes cyclables, notamment en agglomération à la circulation dense, là où les usagers des deux-roues peuvent se voir contraints de dévier sur la chaussée, risquant un accident.
Puni actuellement par une amende forfaitaire de 135 euros, soit une amende de quatrième classe, en faire une contravention de 5ème classe pousserait peut-être les automobilistes à ne plus se garer sur les voies réservées aux cyclistes.
Enfin, le principal point qui nécessite d’être inclus dans le plan vélo, c’est l’intermodalité. L’étude EMBARQ, réalisée par Vélo & Territoires, a en effet montré les difficultés causées par le “manque d’interopérabilité entre le vélo et les autres modes de transport”. En cause, le manque de places pour vélo dans les bus et trains, le manque d’information du public quant aux règles et à la tarifications, la difficulté de stationner son vélo près des gares ferroviaires et routières en toute sécurité, ou bien encore des difficultés de circulation au sein des pôles d’échanges.
Soit autant de points dont la correction sera essentielle pour parvenir à l’un des buts du Plan Vélo 2022-2027 : “Faire du vélo et de la marche une alternative attractive à la voiture individuelle pour les déplacements de proximité et combiné aux transports collectifs pour les déplacements de plus longues distances.”