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Quelles sont les pistes d’évolution des infrastructures de recharge ?

Nerf de la guerre de l’électrification du parc écologique français, les infrastructures de recharges regorgent de perspectives d’évolutions. Petit panorama de certaines d’entre elles.

Alors que l’interdiction de nouvelles immatriculations de véhicules à moteur thermique d’ici 2035 suppose une démocratisation croissante de la mise en circulation de moteurs électriques, l’efficacité et la réussite de la transition écologique du parc automobile français devront obligatoirement s’accompagner par une évolution des infrastructures de recharge. Et ce, tant dans les technologies utilisées que dans leur mise en place sur le territoire national. Des évolutions qui devront, de plus, concerner à la fois sphère privée et sphère publique.

100 000 bornes de recharge : objectif en passe d’être atteint

Mai 2020. Emmanuel Macron annonce une promesse forte : d’ici à 2021, le territoire Français accueillera 100 000 bornes de recharge. L’augmentation du nombre de SDIRVE – schéma directeur pour les infrastructures de recharge pour véhicules électriques – pourrait, à terme, réaliser un maillage cohérent de l’offre de recharge disponible sur le territoire français. En attendant, et si la première piste d’évolution quant au futur des infrastructures était tout simplement… D’atteindre cette barre fatidique ?

D’après l’AVERE – Association nationale pour le développement de la mobilité électrique – , dans son baromètre d’octobre 2022, la France disposerait de 75 279 points ouverts au public – on ne compte donc pas ceux visant à être utilisés dans une sphère privée uniquement. C’est certes moins que ce qui avait été annoncé par le Président de la République, mais la France est sur la bonne voie : +53% d’augmentation par rapport à l’année précédente, et près de 3600 ouvertures de points durant le mois de septembre.

Les bornes de recharge ne sont pas assez fiables

Des points de recharge qui, selon les chiffres donnés par l’AVERE, sont en état de fonctionnement 82% du temps. C’est bien, mais ce pourrait être encore mieux. Nombreux sont les utilisateurs à se plaindre de leur fiabilité, qui ne permet parfois tout simplement pas de pouvoir y recharger son véhicule pour cause de panne ou de casse. D’où la nécessité de rendre visibles toutes les stations de recharge dans un rayon choisi par l’usager depuis le GPS d’une voiture, avec leur état et leur disponibilité en temps réel. Des applications telles que Waze ou Chargemap le permettent déjà depuis un smartphone, mais mériteraient d’être disponible nativement au sein des ordinateurs de bord.

Multiplier les bornes pour « recharger sans y penser »

La disponibilité des bornes dans l’espace public va devenir le nerf de la guerre des années à venir. Station-E déploie par exemple un mobilier urbain innovant, déployé en une journée, et disponible tant pour les collectivités territoriales que pour les propriétaires fonciers. Le but ? “Recharger les véhicules sans y penser”, comme le présente son fondateur Alain Rolland. On peut envisager un futur proche où chaque commerce, chaque parking, chaque espace de loisir disposerait de son infrastructure de recharge discrète et ouverte à tous, pour pouvoir y brancher sa voiture pendant sa séance de sport, son rendez-vous médical ou son plein de courses hebdomadaire. D’autant plus que l’australien Tritium souhaite révolutionner la façon dont on envisage la recharge grâce à son plug’n’charge – plus besoin de passer un badge et de passer à la caisse, le “plein” commence dès l’instant où la prise est insérée dans la voiture, automatiquement reconnue par le chargeur. Vous payez en quelque sorte directement grâce à votre voiture. De quoi véritablement permettre de “charger son véhicule sans même y penser”.

Développer les recharges par fil à induction

Il n’y aura peut-être même bientôt plus besoin de penser à se brancher. La recharge sans fil par induction, grâce à une wall box connectée à une borne posée au sol, sera bientôt disponible – pour l’instant, seulement pour les Tesla Model 3. On peut remercier la start-up américaine WiTricity Halo Charging, qui espère lancer la commercialisation en 2023. Le constructeur coréen Hyundai aurait même fait mieux, avec un VE capable de se garer de façon autonome au-dessus de son émetteur de recharge et de se charger en 6h grâce à une borne de 11kw n’ayant que 6% de perte d’énergie. Mais c’est FIAT qui, pour l’instant, possède la technologie la plus prometteuse vis à vis de l’induction. Sans doute inspiré par les travaux de la startup israëlienne Electreon, le constructeur italien présenta en juin 2022 un prototype de Fiat 500 qui se recharge… en roulant. Testé au sein de l’Arena del Futuro, le Dynamic Wireless Power Transfer possède néanmoins un gros désavantage, qui menace sa mise en place dans un futur proche – il sera nécessaire rendre compatible les 20 000 kilomètres de voies rapides (autoroutes et routes nationales) que compte notre Hexagone coûterait une somme considérable. Et ce, sans même parler du million de kilomètres de routes départementales et communales. Il paraît donc plus simple de répondre aux exigences de l’Union Européenne, elle qui souhaite que chaque voie rapide du continent soit émaillée d’une infrastructure de recharge tous les 60 kilomètres.