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Comment d’une ville ultra-polluée, Londres est passée au rang de capitale modèle ?

La ville de Londres et son agglomération ont connu par le passé d’importants épisodes de pollution atmosphérique. On vous explique comment aujourd’hui, elle est passée au rang de capitale modèle.

La ville de Londres et son agglomération ont connu par le passé d’importants épisodes de pollution atmosphérique. Dans les années 1950 en particulier, la concentration de polluants d’origine industrielle avait généré pendant plusieurs jours un épisode de fumée dense, entraînant la mort de milliers de personnes (dont le « grand smog » de Londres de 1952). Plus proche de nous, la circulation et ses effets sur la qualité de l’air ont plombé le ciel londonien, multipliant les journées de brouillard au-dessus de la Tamise. Voilà comment, il y a 20 ans, une politique de réduction drastique des transports a été initiée. Accompagnée d’un coup d’accélérateur en 2019 et 2021, elle apporte des résultats concrets.

Londres, ville pionnière des restrictions de circulation

En France, le sujet des Zones à Faibles Émissions (ZFE) commence à toucher le grand public qui découvre les restrictions qui seront demain imposées dans les grandes métropoles. 

Pour rappel, la toute première « zone à circulation restreinte », ancêtre des ZFE, a été introduite à Paris en septembre 2015, ciblant à l’époque uniquement les poids lourds, bus et autocars. A Londres, l’Ultra Low Emission Zone (ULEZ) est entrée en vigueur le 8 avril 2019. Lors de son lancement, elle couvrait la même zone que la London Congestion Charge. Cette dernière – initiée en 2003 – instaurait un péage urbain. Il fallait s’acquitter de 5 £ (5,80 €) pour pouvoir pénétrer dans l’hypercentre de Londres avec un véhicule muni d’un moteur thermique.

La capitale anglaise était alors une ville pionnière, la première à prendre des mesures aussi drastiques. Cinq ans ont suffi à améliorer la situation. Le nombre de véhicules en circulation dans la zone concernée a reculé de 21 % (avec 70 000 véhicules de moins par jour) L’utilisation des transports publics a augmenté en parallèle, avec une hausse de 45 % de l’utilisation des bus !

En 2019, le maire de Londres, Sadiq Khan, a augmenté le tarif de ce « péage londonien » à 12,50 £ (14,40 €) à additionner aux 15 £ (17,40 €) du centre de Londres, avant de réaliser en 2021 une extensions de la zone concernée. Elle représente aujourd’hui 18 fois la surface de l’hypercentre, l’équivalent du double de la superficie de la ville de Paris. Résultat ? Le trafic continue de baisser et, surtout, l’adoption de véhicules électriques est en forte hausse. Car pour qui compte utiliser sa voiture tous les jours de la semaine pour se rendre dans Londres, le coût annuel de la taxe atteint 3250 £ (3750 €) !

Une moindre tolérance que dans les ZFE françaises

La mise en application de la zone de restriction à Londres prend en compte les émissions des véhicules selon leur fiche technique, pas leur âge. Ainsi, les voitures essence et diesel immatriculées respectivement après 2005 ou 2015 respectent – pour la plupart – les normes imposées. Cette méthode, qui diffère de celle appliquée dans les ZFE – qui se repose sur le barème Crit’Air – a permis non seulement de voir progresser le nombre de véhicules électriques mais aussi de constater que les véhicules à moteur thermique en circulation sont désormais plus propres. Les automobilistes abandonnent leur diesel mais n’ont pas l’obligation de basculer à l’électrique. Selon les chiffres de la mairie de Londres, environ 44 000 véhicules diesel ont été chassés de la zone au quotidien.

Par rapport à la situation française, les règles en vigueur à Londres sont plus contraignantes. En effet, des restrictions équivalentes ne seront atteintes à Paris qu’en 2024 ou à Lyon en 2026, date à partir de laquelle les véhicules disposant d’une vignette Crit’Air 3 ou supérieure ne seront plus admis en ZFE. 

La politique drastique en matière de restriction de circulation de Londres est-elle réplicable en France ? Le déploiement progressif attendu des ZFE est en grande partie calqué sur l’exemple venu du Royaume-Uni. Mais en parallèle, c’est la question de la densité du réseau de recharge électrique qu’il va falloir soigner pour obtenir un résultat comparable. À Londres, selon les informations fournies par l’application de recherche de bornes de recharge Zap-Map, 260 points sont créés chaque mois. Le réseau parisien de bornes de recharge pour véhicules électriques – géré par Total Marketing France (TMF) – est en déploiement depuis mars 2021. Il comprendra à terme… 433 stations . En Île-de-France, on compte une borne publique pour une quinzaine de voitures électriques, quand la moyenne nationale s’établit à une borne pour 9 voitures !